Louis XIV meurt en 1715. Son arrière-petit fils Louis, né en 1710, est désormais le prétendant au trône de France. Louis XV est tout d’abord placé sous tutelle, et en 1723, après 8 ans de Régence, il prend en charge à 13 ans (âge de la majorité pour les rois de France) les destinées du royaume. Louis XV réussit sous son règne à élargir les frontières du pays (acquisitions de la Lorraine et de la Corse), en revanche sa politique extérieure fut une catastrophe avec la perte du Canada et des Indes. Il est communément considéré que Louis XV fut un monarque absolu, responsable en grande partie de l’événement majeur que Louis XVI ne put empêcher, la Révolution. Il décède en 1774.

Les pièces d’orfèvrerie sont traditionnellement frappées de quatre marques:

Le poinçon personnel de l'orfèvre: est frappé ("insculpé") en premier, alors même que l’objet est toujours à l’état d’ébauche. Il arrive ainsi que cette marque subisse des dommages lors de la finition et l’orfèvre est autorisé à frapper son poinçon une seconde fois (superposé au précédent, voir l’image ci-contre). La marque de l’orfèvre est accompagnée simultanément du poinçon de Charge.

Deux autres poinçons ont une signification fiscale:
La Charge: accompagne la marque de l’orfèvre, elle traduit l’engagement que prend ce dernier à payer l’impôt sur l’orfèvrerie (le "Droit de Marque") lorsque l’objet sera terminé. Il est ainsi courant de trouver cette marque côte à côte et de taille similaire à celle de l’orfèvre
La Décharge: traduit le paiement effectif de l’impôt, c’est une marque de petite dimension (environ deux fois moindre de celle de la charge).

Le poinçon de la Garantie ("jurande"): La marque assure à l’acheteur de l’objet le respect de la proportion d’argent pur dans l’alliage (958 millièmes à Paris). Tout écart est sévèrement puni…jusqu’à la peine de mort! Le poinçon est une Lettre Date sous une couronne ouverte. Chaque lettre permet la détermination précise de la date de vente de l’objet. À Paris, cette lettre date est modifiée chaque année dans l’ordre de l’alphabet, seules les lettres J et W ne sont pas utilisées, ainsi que le U lors du règne de Louis XV. (à droite: poinçon de la Garantie "F" année 1769)

			Autres marques: (1) une main ouverte, charge des bijoux en or (2) "Saint-Esprit", oiseau aux ailes déployées et tête en bas, pour la décharge des petites pièces.
Charge dédiée aux gros et moyens objets en argent massif	Décharge employée pour les plats et les assiettes en argent	Décharge des pièces de moyenne taille

			Autres marques : (1) tête de dauphin couronnée pour l’or (charge), (2) décharge des menus objets en argent : une masse de chancelier.
Charge des gros et moyens objets en argent massif	Décharge dédiée aux plats et grandes pièces montées	Décharge des objets de taille moyenne (merlette - ou oie - couronnée)

Poinçon de Charge pour tous les objets en argent massif	Charge dédiée aux bijoux en or	Décharge des gros et moyens objets en argent massif	Décharge des petits objets en argent et bijoux en or

Pour les périodes suivantes, l’emploi des poinçons de charge et de décharge est établi selon des principes qui ne seront plus modifiés d’ici la Révolution en 1789:

Chaque orfèvre dispose de son poinçon personnel qui est dûment enregistré lors de sa réception dans la corporation. L’usage parisien est de représenter les initiales de l’orfèvre autour d’un symbole.
De même, il est obligatoire à Paris de surmonter ces éléments d’une fleur de lys couronnée entourée de deux "grains" (gros points qui traduisent la tolérance admise sur le titre des objets). Cette disposition est appliquée dans la capitale depuis le 14ème siècle et perdure jusqu’à la Révolution de 1789, elle ne peut cependant être attribuée à la seule ville de Paris: dans d’autres cités, notamment en Bretagne, mais aussi à Tours, La Rochelle, Poitiers, etc., on retrouve des marques de maîtres orfèvres surmontées de la fleur de lys couronnée.
Quelques exemples:

Rémi CHATRIA, reçu en 1724 symbole: un Saint-Esprit	Pierre CLÉMENT, reçu en 1694 symbole: deux clés croisées	Simon BOURGUET, reçu en 1740 symbole: une tour	Antoine BOURGEOIS, reçu en 1708 symbole: un soleil	Philippe BOURLIER, reçu en 1769 symbole: un arbre de mai

Jacques ANTHIAUME, reçu en 1758 symbole: une coquille	Claude Auguste AUBRY, reçu en 1758 symbole: une crosse d’évêque	Pierre François GOGLY, reçu en 1768 symbole : une mouche	François Martin MICHELIN, reçu en 1758 symbole: une étoile

NOTES: les initiales des poinçons sont couramment en lettres grasses, l’observation de lettres fines crée une éventuelle suspicion de contrefaçon.
Les orfèvres réalisaient plusieurs poinçons identiques (jusqu’à 5) car les matrices s’usaient assez rapidement. Ainsi, il n’est pas surprenant de constater, pour un même orfèvre, de très légères différences de présentation du poinçon sur les objets.