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by Claude-Charles Feÿs, ASCAS member
 

La salle d'orfèvrerie impériale russe du Musée Royal de l'Armée et d'Histoire Militaire de Bruxelles

l'inauguration de la salle 
le 2 octobre 2001

(première partie)

Le Musée Royal de l'Armée et d'Histoire Militaire de Bruxelles (Belgique) a la particularité de posséder une salle d'orfèvrerie russe de l'époque des deux derniers tsars, à savoir Alexandre III et Nicolas II.

Il peut paraître étrange qu'un musée consacré au passé militaire de la Belgique, aux conflits des deux dernières guerres, à l'époque napoléonienne, aux armes à systèmes, aux armures haute époque, à l'aviation, à la marine, aux blindés etc… possède une salle aux trésors d'orfèvrerie russe.

Le musée Royal de l'Armée de Bruxelles est l'un des plus vastes du monde. Situé dans un cadre prestigieux, il est le musée le plus visité de Belgique.

Il faut plusieurs jours pour en faire le tour et sa bibliothèque, fréquentée chaque année par des milliers de chercheurs, est des plus complètes, renfermant des ouvrages et des archives très rares, voire uniques.

L'histoire des Cosaques est intimement liée à celles des empereurs. En effet, les Cosaques constituaient des régiments d'élite affectés, entre autre, à la garde des souverains et de leur famille. Celui de la Garde Impériale fut créé par Catherine II en avril 1775.

C'est ainsi qu'à la célèbre bataille de Leipzig, en septembre 1813, les cosaques se sacrifièrent pour retarder l'arrivée des troupes alliées alors que le roi de Prusse, l'empereur d'Autriche et le tsar Alexandre Ier étaient encerclés par des cuirassiers français les ayant repérés sur une colline. Le geste de ces cosaques permit de sauver ces monarques et on peut deviner ce qui se serait passé si les troupes de Napoléon les avaient capturés. Le sort de l'Europe en aurait été modifié !

Les Cosaques furent auréolés de gloire et couverts de cadeaux, de pièces d'orfèvrerie entre autre, qui furent déposés dans les vitrines de leur mess, celui des Officiers de la Garde à St Pétersbourg. Elles rejoignaient ainsi d'autres présents offerts par les souverains à d'autres occasions ainsi que des cadeaux de prestige, tous en argent, offerts à des officiers au moment de leur mise à la retraite et que la coutume voulait qu'ils les déposent dans les vitrines de leur mess.

La guerre civile russe de 1917 vit la victoire des troupes communistes de l'armée rouge contre les armées blanches. Les régiments des Cosaques se battirent jusqu'à la fin mais durent, avec d'autres russes blancs, émigrer en Europe. C'est ainsi que les survivants du Régiment des Cosaques de la Garde arrivèrent à Paris après un voyage éprouvant à travers l'Europe en guerre. Installés à Paris dans un pavillon de banlieue qu'ils louèrent à Courbevoie, ils n'eurent qu'une seule idée : faire revenir leur trésor régimentaire qu'ils avaient emporté avec eux et entreposé en Yougoslavie mais ils durent attendre quelques années pour le rapatrier faute de moyens financiers suffisants.

La montée du Front Populaire en France en 1936 leur fit craindre la saisie de ce trésor par les communistes français et son renvoi en URSS. Ils demandèrent donc au roi des belges, Léopold III, de leur permettre de déposer, en 1938, leur trésor régimentaire au Musée de l'Armée de Bruxelles où il n'avait rien à craindre, la Belgique n'étant pas taxée de pays sympathisant du communisme.

Depuis cette époque ce trésor se trouvait dans les vitrines du musée, à côté d'armes, uniformes et équipement de l'armée russe en 1914, et vraiment peu mis en valeur.

La prise de conscience de ce fait par l'Association des Amis du Musée Royal de l'Armée de Bruxelles, et suite à l'insistance des propriétaires de ce trésor à Paris, il fut décidé d'exposer ces pièces dans un cadre digne d'elles : une nouvelle salle particulière de conception ultra moderne due au talent du suisse (d'origine anglaise) : Ian Ashdown, spécialiste mondial de conception muséale en collaboration avec la meilleure firme belge de réalisation de vitrines d'exposition et d'éclairage, connue dans le monde entier : la firme Meyvaert de Gent.

Cette salle fut inaugurée le 2 octobre 2001 par le ministre belge de la Défense, l'ambassadeur de la Fédération de Russie, les attachés culturels et un parterre de personnalités civiles et militaires. Cette salle, plongée dans le noir afin de faire ressortir les pièces exposées, est composée de diverses parties: uniformes rares dont ceux de trois empereurs et du tsarévitch; bannières et drapeaux de régiments ; armes portatives ; coiffures ; décorations et médailles et

bol à punch 
de plus de 50 kgsbien sûr la partie orfèvrerie où la pièce de choix est sans conteste le bol à punch de plus de 50 kgs, en style rocaille et orné de médaillons en porcelaine peinte représentant la bataille de Leipzig et les portraits des différents tsars depuis la création du Régiment des Cosaques de la Garde. Cette oeuvre d'art unique, à cuve intérieure en argent vermeillé, est d'une valeur inestimable. Elle fut offerte par l'Association de la Noblesse du Don au régiment des Cosaques de la Garde.
série de 22 trompettes différentes
du facteur d'instrument RomoEt que dire de cette série de 22 trompettes différentes, dues au talent du facteur d'instrument Romo qui n'employa pas du laiton mais de l'argent au titre de 84 zolotnikis, en partie vermeillé, pour confectionner ces instruments. La sonorité due à l'argent est incomparable, surtout lorsque la Musique des Cosaques de la Garde joue la Marche Nuptiale de Mendelssohn qui n'est autre que la marche du Régiment

On s'émerveille devant ces grands kovchs décorés de façon incroyable et sortant des ateliers de l'orfèvre impérial Ovtchinokov, ou ce bol de Fabergé, ou les plats et assiettes, les chandeliers, les énormes coupes à fruits; la pendule d'argent; l'encrier; les louches sentant le style art nouveau; les gobelets à vodka en forme de casques miniatures de lanciers et tant d'autres pièces uniques ciselées, gravées, incrustées alliant toutes les techniques russes du champlevé, niellé, cloisonné, émaillé, toutes sortant d'ateliers d'orfèvres impériaux. Plus de 200 pièces de grande valeur. Une salle à voir absolument par tous les amateurs de très très belle orfèvrerie russe du XIXe s.

Claude-Charles Feÿs

Administrateur de la SRAMA
Amateur d'orfèvrerie - Expert
Membre du Groupe de Travail Salle Russe
Société Royale des Amis du Musée Royal
de l'Armée et d'Histoire Militaire, Bruxelles

 
Le Musée Royal de l'Armée et d'Histoire Militaire de Bruxelles se situe 3, Parc du Cinquantenaire à 1000 Bruxelles.
Ouvert tous les jours sauf le lundi.
Entrée gratuite. Guides sur demande.Tél : 00-32-27377811
Société Royale des Amis du Musée Royal de l'Armée et d'Histoire Militaire (SRAMA). Tél : 00-32-27377890
Fax : 00-32-27377892 Email : srama@euronet.be
La famille impériale russe


La famille impériale russe
Le Tsar Nicolas II, la Tsarine Alexandra Fiodorovna (tenant le tsarevitch dans ses bras) et les Grandes Duchesses (Photo originale faisant partie de la collection de la salle russe du Musée Royal de l'Armée et d'Histoire Militaire de Bruxelles)

 
Photos copyright Raoul Verbist

à suivre dans la deuxième partie
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