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L'HISTOIRE D'UNE TASSE DE FEMME
La belle histoire de Jeanne Jaravel
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Ce jour-là à Fixin, au Clos de la Perrière, c'était la fête.Toute La
famille Jaravel était réunie pour célébrer les épousailles de Jeanne
Jaravel avec le Sieur Hugues Arvelin, viticulteur à Gevrey-Chambertin.
Le Clos de la Perrière est un vignoble très ancien, pas très grand, dont
les premières vignes plantées entre 1102 et 1142 par les moines de
Cîteaux appartenaient à la famille Jaravel depuis plusieurs générations.
A la sortie de la chapelle Saint Vincent tout le village était présent,
Tout le monde était joyeux en cette matinée d'octobre.
La température était douce et une légère brume enveloppait les ceps du
clos comme pour les protéger des faibles rayons de soleil bienvenus en
cette saison automnale. Les vendanges étaient terminées depuis un bon
mois.
Dans les villages bourguignons on disait que la récolte s'annonçait
prometteuse. On avait également terminé avec l'arrachage et le défonçage
des vignes, les terrains étaient nettoyés des vieux ceps et des racines
porteuses de parasites. Les pieds de vignes étaient rentrés en repos
végétatif, comme on dit, et les feuilles commencèrent à se colorer de
superbes teintes rouges, dorées.
Jeanne avait 20 ans, elle était la seule fille de Michel Jaravel et de
Sylvie Esmolin, viticulteur et propriétaire du Clos de la Perrière. Elle
avait rencontré Hugues Arvelin à la fête de la chandeleur chez les
Charon à Beaune.
Les préparatifs du mariage débutèrent au printemps. Le 20 mai 1781
Michel Jaravel partit en diligence pour Trévoux où il était attendu chez
Dominique Chantel, orfèvre demeurant rue de l'escalier. Après une longue
journée passée en diligence il arriva à Trévoux et franchisait la porte
de la boutique de l'orfèvre Chantel pour choisir une coupe à anse en
argent qu'il offrira à sa fille à l'occasion son mariage.
Son choix se porta sur une coupe simple et élégante montée sur un pied
mouluré légèrement travaillé. Les deux anses de la coupe remontant vers
le haut étaient en forme de feuillage stylisé et fixés au corps par deux
attaches en forme de cœur. Ce sont ces attaches que l'on ne trouvait pas
sur les autres coupes présentes dans la boutique qui lui firent prendre
la décision définitive d'achat. Elle ressemblait fort à celle poinçonnée
quelques jours avant sa mort par le maître orfèvre Denis Nesme de Lyon,
ami de son père, que sa femme Sylvie reçut de son père lors de son
mariage en 1756. Elle ressemblait fort à celle poinçonnée quelques jours
avant sa mort par le maître orfèvre Denis Nesme de Lyon, ami de son
père, que sa femme Sylvie reçue de son père lors de son mariage en 1756.
Michel Jaravel voulait perpétuer la tradition et était heureux de
pouvoir le faire.
Il demanda à Dominique Chantel de graver sur le corps de la coupe le nom
de sa fille Jeanne Jaravel ainsi que l'année du mariage. Il accompagna
l'orfèvre dans son atelier, celui-ci tranquillement grava le texte « J
ne JARAVEL 1781 » sur le corps de la coupe et y ajouta même, une petite
fleur entre le prénom et le nom, c'était une habitude dans cette région,
l'orfèvre participait ainsi un peu à la fête.
(À suivre…)
Raoul C VERBIST 23/12/2002
Souvent dénommée "tasse de femme" dans les inventaires, la coupe à deux
anses dite "coupe bourguignonne" est couramment appelée aujourd'hui
"coupe de mariage".
A la fin du XVIIe siècle, il est d'habitude d'offrir aux mariés une
coupe hémisphérique aplatie, sur pied bas, à deux anses verticales en
volutes surmontées par des crosses ou des têtes d'animaux soit réels
soit fantastiques (les chimères); le bord extérieur de la coupe de
mariage portait presque toujours une inscription gravée indiquant le nom
de l'épousée et la date du mariage. Après la cérémonie religieuse, les
mariés buvaient à cette coupe qu'ils conservaient toute leur vie comme
un bibelot le plus précieux, parfois elle était remis en service pour
des occasions exceptionnelles comme la naissance d'un enfant (coupe
d'accouchée présentée, contenant du pain trempé dans du vin, à la jeune
mère).
Les orfèvres de Dijon et de Morlaix étaient spécialisés dans la
production de ces coupes.
De nos jours la destination originelle de la coupe à boire est
abandonnée : elle sert souvent de drageoir ou de vide-poche. Elle est
souvent utilisée comme cadeau pour marquer les étapes anniversaires de
la vie.
Ce type de coupe a perduré depuis le Moyen Age jusqu'au début du XIXe
siècle avec des variantes dans la forme des anses et du pied. La
majorité des coupes de mariage ont été façonnées en Bourgogne et en
Bretagne jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. Les plus anciens exemples
retrouvés remontent à la fin du XVIIe siècle.
Le modèle de coupe toujours uni et à pied mouluré ne varie guère
jusqu'au début du XIXe siècle ; seule la forme des anses apporte des
indications sur la chronologie et l'origine. Dans les années 1680-1690,
on rencontre des anses à décor de perles, la forme des anses au dauphin
stylisé apparaît au début du XVIIIe siècle et dure jusqu'à la fin de
l'Ancien Régime, sans variante notable entre 1720-1780; dans les années
1780 et au début du XIXe siècle une forme de anses à crosse de feuillage
dérivé des anses des aiguières tend à devenir unique en Bourgogne dans
les années 1780 et au début du XIXe siècle.
Les coupes à deux anses sont en général d'une bonne qualité esthétique
et élégante dans leur simplicité.
ETUDE D'UNE COUPE DE MARIAGE FACONNE DE LA MAIN DE L'ORFEVRE
DOMINIQUE CHANTEL DE TREVOUX
Orfèvre :
CHANTEL Dominique
1725-1788
Orfèvre à Trévoux
(26 novembre 1759-1788)
Originaire de Thurins-sur-Rhône
Le 26 novembre 1759, il est autorisé, par arrêt du parlement, a exercé
le métier d'orfèvre à Trévoux.
Le 14 septembre 1785, il prête serment devant les officiers de la
Monnaie de Lyon et fait insculper un nouveau poinçon.
Il meurt à Trévoux le 22 mars 1788, à l'age de soixante-trois ans.
Poinçons : D C, une fleur de lys, une couronne au-dessus (1759); "un C
couronné et une fleur de lys au-dessous (1786)
Sources : A.D. Côte d'Or (B 1194,6; A.D.), Rhône
(6B 325)
Bibliographie : Godefroy 1965, p. 334-335
L'Orfèvrerie de Lyon et du Trévoux
Oeuvres repérées :
Assiette 1759-1771 (coll. particulière; vente 4 décembre 1989, Paris
n°129
Coupe de mariage, 1759-1771 (coll.particulière; Godefroy p.343, n°11)
Huilier vinaigrier 1759-1771 (coll.particulière)
Plat 1759-1771 (Coll. particulière; vente 4 décembre 1989, Paris, n°129)
Tasse à vin, 1759-1771 (Coll. particulière; A.S.R.I. Rhône-Alpes)
Tasse à vin, (Musée du Louvre, Godefroy p. 345, n° 20)
Paire de flambeaux, 1759-1771 (n°147)
Quatre jattes 1759-1771 (coll.particulière; Godefroy ibid., n°13)
Tasse à vin (1777-1778 (Coll. particulière; A.S.R.I. Rhône-Alpes)
Tasse à vin, 1787 (Musée du Louvre, Godefroy p. 345, n° 20)
Goûte vin, 1767 (n°183 Coll. du Petit Palais, musée des Beaux-arts de la
ville de Paris).
Anse en forme de crosse de feuillage accentuée vers le haut de
la coupe de Mariage
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« ….Les deux anses de la coupe remontant vers le haut étaient en
forme de feuillage stylisé et fixés au corps par deux attaches en
forme de cœur. Ce sont ces attaches que l'on ne trouvait pas sur les
autres coupes qui lui firent prendre la décision définitive
d'achat…. » (La belle histoire de Jeanne JARAVEL)
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Anse de la coupe de Mariage avec attache d'anse en forme de cœur
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Poinçon de l'Orfèvre Dominique CHANTEL
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Description
Coupe unie reposée sur un piédouche mouluré, les anses en console
surmontées d'une crosse de feuillage se terminant par une crosse
accentuée vers le haut.
Les anses étant rattachées à la coupe par un motif en forme de cœur.
Inscription sur la coupe J(EAN)NE JARAVEL 1781
Raoul Verbist
- 2004-
http://www.chambresamis.org/index.html
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