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by Claude-Charles Feÿs, photos Raoul Verbist
 

La salle d'orfèvrerie impériale russe du Musée Royal de l'Armée et d'Histoire Militaire de Bruxelles

l'inauguration de la salle 
le 2 octobre 2001

(deuxième partie)

Descriptions et photos d'une partie des pièces exposées

Descriptions réalisées d'après les documentations du musée établies par des membres et historiens du musée, de la SRAMA et des explications données par les guides lors des visites guidées
((Photos prises dans la salle de préparation du Musée; dans les vitrines du Musée et à Courbevoie, Paris, au siège de l'Amicale des Cosaques de la Garde)
Photos copyright Raoul Verbist, membre de l'ASCAS et de la SRAMA.
bol à punch bol à punch
Le prestigieux bol à punch en argent et vermeil lors de sa restauration
Détails du 
bol à punch Détails du 
bol à punch
Détails du bol à punch avec les trois vainqueurs de la bataille de Leipzig sur Napoléon 1er, Empereur des Français en 1813:
le Tsar Nicolas 1er, l'Empereur d'Autriche et le Roi de Prusse
D'un poids total de plus de 50 kilos, ce bol à punch (ou une soupière d'après certaines personnes) est l'œuvre de l'orfèvre impérial Ovtchinnikov l'un des plus prestigieux de la Russie des tsars. Réalisé par coulage, dans un moule perdu, il constitue une pièce unique. De style outrageusement chargé de rocailles rappelant les courbes et motifs de style Louis XIV et Louis XV, il contraste vraiment avec le style tellement plus léger préfigurant une forme d'art nouveau tel qu'on l'appliquait déjà en Russie à cette époque sur certaines pièces d'orfèvrerie.
Ce bol est orné de peintures sur porcelaine représentant les derniers tsars de la dynastie des Romanov dans des uniformes scrupuleusement peints, ainsi que des scènes de la Bataille des Nations à Leipzig en 1813, notamment la charge glorieuse des cosaques. L'intérieur du bol est doté d'une cuve amovible en vermeil. Il provient du mess des officiers des Cosaques de la Garde à Saint-Pétersbourg et fut réalisé sur commande par Ovtchinnikov pour fêter le centenaire de cette bataille napoléonienne. L'arrière de la coupe reprend les noms de tous les chefs de corps et leur date de prise de commandement. On notera, sur la face avant, la croix de l'ordre de Malte dont le tsar Pavel Ier était Grand Maître et qui figura sur l'étendard remis au régiment par cet empereur. Cette croix de Malte fut l'insigne régimentaire institué le 14 septembre 1911. La base de cette remarquable pièce d'orfèvrerie est ornée de petits trophées composés d'armes parfaitement imitées ainsi que des trompettes et des coiffures. On retrouve les poinçons de l'orfèvre frappés à différents endroits du bol et de son couvercle.
Le grand bol de Fabergé 
en argent et vermeil
Le grand bol de Fabergé en argent et vermeil
Cette pièce d'orfèvrerie n'est pas très représentative du style de Fabergé. On est loin de ses petits objets colorés utilisant toutes les techniques de l'orfèvrerie qui sont splendides, fins, équilibrés. Ici nous nous trouvons en présence d'une pièce assez lourde qui a probablement été fabriquée en plusieurs exemplaires qui étaient, à la demande, gravés de textes pour l'occasion. Ce bol a été fabriqué en partie à la machine mais achevé et poli à la main. N'oublions pas que Fabergé, qui employait plusieurs milliers d'artisans dans ses différents ateliers, faisait aussi de l'orfèvrerie ordinaire : des plats, des couverts, des bols etc.… Seuls certains de ses artisans étaient attachés à la fabrication d'œuvres plus particulières tels les oeufs décorés, les cadres, les tabatières, les personnages, les poudriers, les bijoux, les boites etc...
Les trompettes 
en argent 
et vermei
Les trompettes en argent et vermeil
Au nombre de 22 elles sont en argent mais ne sont pas l'œuvre d'un orfèvre mais bien d'un facteur d'instruments de musique du nom de Romo. En effet, il est courant de fabriquer des trompettes ou des flûtes traversières en argent ou en maillechort argenté, l'argent leur donnant une sonorité exceptionnelle.
Ce qui est moins courant c'est que celles-ci sont décorées, gravées et dotées de parties vermeillées signalant par là qu'il s'agit avant tout de trompettes d'honneur. Elle possèdent de plus leurs cordons et floches d'origine et, ce qui est étonnant, c'est qu'elles sont dotées des accessoires permettant d'en modifier les octaves. C'est la preuve qu'elles n'ont pas été fabriquées que pour la décoration mais aussi dans le but de servir, pour jouer éventuellement la Marche Nuptiale de Mendelssohn, marche régimentaire des Cosaques pour peut-être commémorer le centenaire, en 1913, de la bataille de Leipzig puisqu'elle furent fabriquées pour cette occasion. Chaque pièce d'octave possède un numéro correspondant au numéro de la trompette.
Ces instruments sont de trois types et de dimensions différentes permettant de constituer un véritable orchestre particulier. Comme les autres pièces en argent de cette collection, elles possèdent les poinçons de titre pour l'argent, soit 84 zolotniki, c'est à dire .875/1000 d'argent fin et bien sûr, le poinçon du fabricant Romo.
Les chandeliers
Les chandeliers
Aussi fabriqués par Ovtchinnikov ces grands et très lourds chandeliers reprennent également des cosaques en tenue d'époque Catherine II. Il faut noter que les cosaques figurants sur ces pièces se retrouvent sur d'autres pièces de cette collection preuve que le moule d'où ils sont sortis servit plusieurs fois. On peut aussi penser que Ovtchinnikov s'était fait une spécialité en œuvres d'orfèvrerie à motifs militaires.
A ces chandeliers il ne manque aucune bobèche, ce qui est extrêmement rare, cet accessoire se perdant souvent. Je vous laisse deviner une table superbement dressée dans le Mess des officiers cosaques à Saint-Pétersbourg où trônent le bol à punch au centre, les chandeliers de part et d'autre suivis chacun d'une coupe à fruits !
La coupe surtout de table
en argent et vermeil
La coupe surtout de table en argent et vermeil  
Avec son couvercle orné d'un aigle bicéphale et son intérieur en vermeil, cette pièce est aussi due à Ovtchinnikov. Ornée de deux cosaques en argent moulé dont un lancier, cette très belle coupe fut offerte par les officiers du Régiment de Cosaques Atamansky de la Garde au Mess des Officiers de la Garde de Saint-Pétersbourg à l'occasion du centenaire de la Bataille de Leipzig en 1913. Elle est au titre de 84 zolotniki.
Le grand Kovsh 
en argent et vermeil
Le grand Kovsh en argent et vermeil
Un kovsh est un récipient à boire muni d'un manche sur le côté évoquant l'aspect général d'un louche ou d'une cuiller à pot. Sculptés à l'origine en bois avant le XIVe siècle, les kovsh devinrent vite des présents d'honneur, comme celui-ci, abondamment sculptés et décorés de motifs rapportés ou d'inscriptions. Le plus souvent l'extrémité opposée au manche est terminée par un bouton sculpté ou un aigle russe à deux têtes. Les plus précieux sont en or ou en argent avec des parties en vermeil. Ce kovsh ci est orné de médailles et décorations russes classiques telles que la médaille du tricentenaire des Romanov ou la médaille commémorative de la guerre contre les Turcs entre autre.
Il s'agit d'un présent offert au Mess des Cosaques de la Garde de Saint-Pétersbourg.
L'encrier au lancier
L'encrier au lancier
Cette pièce d'orfèvrerie, montée sur un socle de marbre, représente un lancier en argent moulé, lance dressée avec étendard de régiment. Elle est d'un titre de 84 zolotniki. Cette œuvre d'art fut offerte par les officiers du Régiment des Lanciers de l'Impératrice au Général de Sporé en 1911. Il y manque malheureusement un des couvercles
La coupe en argent et vermeil 'champlevé' avec couvercle imitant du tissus
C'est la pièce de cette collection, inspirée du style byzantin, que je préfère et c'est aussi la seule qui ait le titre d'argent le plus élevé soit 91 zolotniki ce qui correspond à .947, 92 /000 d'argent fin. C'est un titre relativement élevé pour la Russie mais plus courant en France ou il correspond quasi au 1er titre à la même époque. Cette coupe est aussi due à Ovtchinnikov et date de 1874. L'imitation du tissu la recouvrant est parfaite et le motif, de type point de croix, a été entièrement réalisé à la main. Différents fils d'argent soudés forment des motifs gracieux agrémentés de parties très fines de motifs réalisés en champlevé. Quant au bol lui même, il est le summum de l'art russe en matière de simplicité et de grâce dans le motif qui fait penser à certains bijoux aztèques. Le champlevé était une grande spécialité russe et certains orfèvres ne réalisaient que des objets selon cette technique. C'est surtout à Veliky Ustyug que se trouvaient les meilleurs spécialistes de cette technique en Russie. Pour se faire, les objets étaient gravés et on remplissait les gravures d'émail de différentes teintes. Après l'insertion d'une couleur il fallait repasser la pièce au four en évitant de l'y laisser trop longtemps afin de ne pas faire fondre l'argent de base. Le cloisonné, autre technique russe qu'on rencontre aussi en bijouterie, consistait à souder sur la pièce des fils d'argent selon un dessin et formant des cloisons qu'on remplissait ensuite de poudre d'émail coloré avant de repasser la pièce au four 
Couverts en argent 
utilisé au mess du 
Régiment des Cosaques
Couverts en argent utilisé au mess du Régiment des Cosaques
(Ces couverts font partie des souvenirs que les fils ou petits-fils d'officiers Cosaques ou de Russes Blancs ont conservés à Courbevoie)
coupe en souvenir 
de la guerre 
russo-japonaise 
de 1904-1905
La coupe en argent datée de 1905
Cette très belle coupe en argent au titre de 84 zolotniki est ornée de la croix de la 4eme classe de l'ordre de Saint-Georges, l'ordre le plus répandu en Russie. Elle fut offerte au mess des Cosaques de la Garde de sa Majesté l'Empereur en souvenir de la guerre russo-japonaise de 1904-1905, d'où ses motifs décoratifs reprenant de très jolis dragons.
Les oeufs 
en porcelaine
Les œufs en porcelaine
La collection du musée possède une série d'œufs en porcelaine. C'était une tradition russe que d'offrir des oeufs à Pâques. Qu'on pense aux oeufs superbes et célèbres réalisés par Carl Fabergé que Nicolas II offrait chaque année à Pâques à son épouse, l'Impératrice Alexandra Feodorovna. Les Fabergés, anciennement Fabriguer, sont issus d'un famille de Huguenots français émigrée en Russie Impériale lors de la rédition de l'Edit de Nantes par Louis XIV, privant les protestants de liberté. Leurs oeufs impériaux sont tous connus et répertoriés. Il s'en trouvent dans les collections de plusieurs familles royales d'Europe; dans certains musées russes et dans des collections privées telle la célèbre collection de Forbes aux USA qui vient d'ailleurs de les vendre et qui ont été achetés par un riche (très riche même) collectionneur russe. Espérons qu'ainsi ils retourneront en Russie, pays de leur origine et seront peut être présentés à l'Hermitage où à Tsarskoïé Tsélo! Les oeufs que nous voyons ici ont été offerts chaque année à Pâques par l'Impératrice Alexandra Feodorovna aux officiers des Régiments Cosaques dont elle était colonel. Ils sont ornés des initiales AF (Alexandra Féodorovna) écrites en vieux russe. Seul l'un d'entre eux est aux initiales de Nicolas II. Ils sont tous munis de leur ruban décoratif passant au-travers.
gobelets à Vodka
gobelets à Vodka
Les divers gobelets à Vodka
La collection du musée possède aussi une jolie série de gobelets à vodkas en argent et richement décorés imitant des coiffures militaires de Cosaques, dont des Lanciers. Le plus beau d'entre eux, malheureusement pas poinçonné, aussi en argent, est une mitre rehaussée de vermeil rouge. Son style et sa réalisation très soignée font penser à une œuvre de Fabergé. Il est bien certain que ces superbes objets n'étaient pas jetés par dessus l'épaule gauche après avoir été vidés d'un trait. Cette soi-disant coutume russe n'était pas de mise chez des gens sachant convenablement se tenir en société ou faisant preuve de bonne éducation.
louche en 
argent et vermeil
Les louches en argent et vermeil
Ces louches à punch sont très belles, surtout l'une d'entre elles d'un style digne de l'Art déco et très dépouillée.
Détail d'un Kovch en argent 
en forme de drakkar
Détail d'un Kovch en argent en forme de drakkar
Représentation de St Georges terrassant le dragon.
Kovch en argent et vermeil
en forme de drakkar
Détail d'un Kovch en argent et vermeil
Soucoupe en argent champlevé
La petite horloge
Elle est l'œuvre du maître orfèvre Sergeï Verkovtsev de Saint-Pétersbourg comme en témoignent ses poinçons. Le titre est de 84 zolotniki attesté par le poinçon du contrôleur dont les initiales sont D.CH
Elle fut offerte en hommage à un Général par ses officiers et ses soldats. Elle a été restaurée par les étudiants de l'Académie des Beaux-arts d'Anvers.
Les coupes à fruits en cristal
Toujours fabriquées par Ovtchinnikov en argent d'un titre de 84 zolotniki, elles sont ornées de cosaques réalisés en argent moulé dans les tenues réglementaires portées par ces derniers à l'époque de Catherine la Grande, c'est à dire Catherine II.
Photos copyright Raoul Verbist

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