by Pierre Gagnaux ©
(click on photos to enlarge)HISTOIRE DE FAUX
Pour mettre les choses au point, un faux entend une intention de tromperie sans équivoque,
une copie n'est que la reproduction de l'objet sans respect des dimensions, signatures et
usures, la suite n'est qu'une question d'honnêteté du vendeur et de crédulité de
l'acheteur.
Comme je vous avais parlé d'un arrivage de faux Fabergé et que des amis marchands m'ont
déclaré avoir eu la visite d'un 'démarcheur' essayant de vendre ces pièces un peu partout
en suisse, il faut rester vigilant. J'ai essayé de photographier une de ces fameuses
raretés mais un 'niet' catégorique m'a été opposé par son propriétaire.
A défaut l’occasion d’une mise en garde contre une autre catégorie de faux en orfèvrerie
russe, l'icône, m'a été donnée récemment, et le vendeur m'a même rendu coupable d'une
bonne action puisque j'ai évité à un brave brocanteur de se retrouver Grosjean comme
devant avec une pièce malsaine sur les bras, en lui soufflant l'objet sous le nez, ce
qui a déclenché son ire, persuadé qu'il était par ses années de métier de son
authenticité.
Un itinéraire de son analyse en images sera plus explicite que de longs discours |
Telle que découverte, représentant vraisemblablement Saint Grégoire, elle a un air de bon
aloi pouvant tromper plus d'un amateur. |
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Après examen rapproché, il s'avère qu'elle est exécutée en cuivre argenté, reproduite par
electrolyse, mais porte des poinçons d'argent apposés d'une manière exacte ce qui entend
qu'elle a été copiée à partir d'un original et n'est pas une invention comme les vases de
Gallé que l'on voit passer et qui n'ont jamais existé sous ces formes, par exemple.
Passons au stade suivant soit le démontage
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Une fois l'oklad (protection de l'image) retiré, j'ai la confirmation de mon idée
première, c'est-à-dire que dans un souci d'économie l'image n'a pas été peinte au complet,
comme dans le cas d'une icône authentique où l'oklad est là pour protéger la peinture,
ce qui signifie que l'on peut le retirer sans diminuer l'objet d'une manière décorative,
il n'est pas partie de la peinture mais complément mis ultérieurement par un orfèvre.. |
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Nous sommes donc devant un objet qui n'a aucune fonction votive, ce qui aurait pu être le
cas si la peinture était authentique mais recouverte par un faux oklad, nombre d'icônes
anciennes ayant été démontées, la tentation peut être forte parfois...
Pour conclure avec les poinçons, il sont apposés de manière exacte et sont 'justes', ils
correspondent à la ville de Nijni-Novgorod, aucun doute, ils faisaient partie de
l'original pris comme modèle.
Ils se retrouvent sur toutes les parties soudées comme il se doit ce qui confirme cette
notion de reproduction. |
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De dos il est flagrant que le travail n'est pas du repoussé mais relève de la fonderie ou
de l’electrolyse, les bords sont soudés à l'étain avant l'argentage. |
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Poinçons de l'icône, dangereux car bien reproduits, si ils étaient apposés sur de l'argent
la supercherie serait très difficile à déceler. |
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Poinçons authentiques pour comparaison, comme ils sont pris sur un récipient rond,
l'orfèvre est inversé, et ils sont appliqués au centre géométrique, c'est une règle pour
la Russie.. |
En conclusion, comme cette pièce a une provenance connue, elle vient de Grèce, ramenée
dans les années 1970, son propriétaire ne pouvait pas connaître son pedigree mais cet
examen nous démontre clairement que sa fabrication relève d'une action criminelle au sens
légal et que sa place n'est pas sur l'étal d'un brocanteur mais au sein d'une collection
de faux en tous genres comme aiment parfois en avoir les amateurs d'objets d'art, souvent
pour piéger malicieusement les gens trop surs d'eux, et que la commercialisation d'un tel
objet sans préciser sa nature par écrit sur une facture jointe risque fort de vous conduire
devant un tribunal ! |
Pierre Gagnaux
photos by Pierre Gagnaux
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