by Pierre Gagnaux ©
(click on photos to enlarge)FAUXBERGE'
Le mot n’est pas de moi mais de A. de Solodkoff, je crois nous allons analyser les poinçons
d’un 'Fabergé' qui n’ont pas tout-à-fait l’air authentiques, j’utilise ici ce mot pour
les poinçons uniquement, car l’objet qui les porte pourrait être ancien, voire même russe,
mais réalisé par un autre artisan et amélioré (surtout au niveau du prix) par l’ajout de
marquages prestigieux.
Comme de nombreuses copies grossières arrivent sur le marché, et ne sont pas dangereuses
car ne pouvant tromper qu’un amateur novice et fortuné, il n’est pas utile d’en démonter le
mécanisme, rien ne correspondant à la qualité que l’on peut attendre des ateliers Fabergé
même si des commerçants peu scrupuleux vous disent qu’il s’agit de travaux pour l’export ou
dieu sait quoi.
Sur la photo qui suit, le piège est plus fin car la pièce était ancienne, je ne peux
malheureusement pas la montrer en entier pour des raisons de discrétion qui me
sont imposées.
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Vous voyez ici un marquage de Julius Alexandrovitch Rappoport (1864-1916), qui travaillait
dans ses propres ateliers pour la firme Fabergé, avec en-dessous le poinçon de titre de
Moscou pour la période 1908-1917 et le titre de 88 zolotniki qui correspond à 916
millièmes, standard pour les article 'artistiques' de la maison Fabergé. Avec ce type de
marquage, l'on est pas certain que l'objet ait été vendu par Fabergé car pour Moscou il n'y
a pas de poinçon de chef d'atelier contrairement à St-Petersbourg où il figure en principe
toujours, mais les choses se gâtent en mettant ces deux marquages ensemble sur le même
support car Rappoport n'a jamais travaillé à Moscou. Je vous laisse tirer vos déductions...
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L’objet avait bonne façon et était assez sale, bien exécuté et de prime abord passe pour ce
qu’il prétend, mais vous constatez qu’a la première analyse poussée une odeur de roussi se
fait sentir.
Passons ensuite à une autre partie comportant aussi des marquages, mais différents des
premiers examinés. et là vous devez vraiment vous poser des questions lorsque vous vous
trouvez devant ce cas de figure.
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Vous avez à gauche une autre signature de maître, celle de Mikhaïl Perchin (1860-1903),
avec Fabergé et le privilège impérial de St-Petersbourg puis malheureusement le
titre de 84 zolotniki (875/1000) et le contrôle de Moscou pour 1908-1917, soit la
mauvaise ville et au moins cinq ans après la mort de l’orfèvre. Je laisse le soin aux
spécialistes des tables tournantes de vous expliquer ce miracle !!! |
Le domaine des poinçons est extrêmement vaste et il n’y a aucune honte à consulter des
ouvrages de référence, de plus il vaut mieux en prendre deux ou trois et les recouper afin
d’éviter une erreur toujours possible surtout dans les assez anciens livres. Les russes,
par exemple, n’ont laissé sortir les informations que très tard et il vaut mieux éviter ce
qui a été imprimé avant les années huitante dans cette spécialité.
Moralité de cette histoire: avant d’acheter une pièce signée d’un nom prestigieux, soit
vous avez la bibliothèque adéquate et vous faites les recherches idoines, soit vous
demandez au vendeur de vous donner toutes les garanties écrites de la conformité de
l’objet avec sa signature ou ses marquages, car même si la qualité est présente (ce qui était
le cas de la pièce d’orfèvrerie que j’ai photographié), la vérité après analyse des poinçons
était bien différente du pedigree affiché et on ne parlait pas de cinquante francs en
l’occurence.
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Si quelque lecteur a fait le reproche de ne pas avoir montré de poinçons authentiques en
face des faux, mea maxima culpa. Comme je le disais précédemment, il n’y a pas
systématiquement la marque claire 'Fabergé' sur les pièces de cette manufacture, seul le
poinçon du maître peut s’y trouver comme l’explique par le premier exemple de Solodkoff
dans le livre 'Fabergé Joaillier à la cour de Russie' page 153, beaucoup d’objets exécutés
à St.-Pétersbourg ne présentent pas la signature de Fabergé.
Toutefois tous sont frappés des initiales du chef d’atelier responsable de l’article.
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Voilà, telle que photographiée page 120 du livre 'Fabergé' aux éditions Atlas par A.
de Solodkoff, la signature de Henrik Wigström ainsi que le titre de 88 zolotniki pour
la ville de St.-Pétersbourg, mais sans la signature de Fabergé cette fois, le détail
du poinçon est infiniment meilleur que sur la copie précédente. |
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Il y a encore un autre poinçon très rare, que l’on ne trouve pratiquement pas sur des pièces
d’autres orfèvres, je ne l’ai d’ailleurs jamais vu ailleurs, donc appel aux lecteurs...
Il s’agit du titre de 88 zolotniki dans un carré similaire au poinçon ancien de 84 zolotniki
que l’on trouve à la fin du XVIIIème et au début du XIXème, parfois sans marque d’orfèvre,
peut-être sur des objets faits par de petits artisans sans marque personnelle?
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Cette marque inhabituelle, due peut-être à la production importante qui
était assez fiable pour ne pas comporter la ville, mais seulement le titre, est dans un
couvercle avec au dessus les tiges des rivets fixant le monogramme (c’est une
particularité de l’orfèvrerie russe de ne pas souder les applications, mais de les river
systématiquement, preuve aussi que les objets n’étaient pas faits spécialement, mais adaptés
au goût du client et toutes les 'options' étaient donc possibles grâce à cette technique). |
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Pierre Gagnaux
photos by Pierre Gagnaux
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