(click on photos to enlarge image)
LA DYNASTIE DES ORFÈVRES NESME DE LYON
INTRODUCTION
Pendant l'Ancien Régime la France avait acquit
une supériorité dans l'art de l'orfèvrerie. Bien que des villes
comme Strasbourg, Bordeaux et Marseille possédaient des ateliers
remarquables, Lyon eut une importance plus grande que les autres
villes par les créations artistiques de ses orfèvres. L'orfèvrerie
religieuse constituait une part importante de la production
lyonnaise et parvenait même à rivaliser avec Paris.
Près de 1300 orfèvres ont exercé à Lyon jusqu'à la Révolution et
1227 orfèvres et bijoutiers y ont été recensés entre 1798 et
1940.
Au XIVe et XVe siècle le commerce à Lyon s'ouvrait vers l'extérieur,
attirant des orfèvres étrangers, qui profitaient à ce moment
d'un régime libéral qu'ils ne trouvaient nulle part ailleurs.
Lyon connaissait une renommée grandissante pour son orfèvrerie
et sa joaillerie pendant le XVIe siècle. Le nombre d'orfèvres s'élèvait
alors à 524. Cet effectif diminuait considérablement au XVIIe
siècle car Paris prenait le dessus suite à la passion de Louis
XIV pour les ouvrages d'or et d'argent et les commandes
importantes que le roi et sa cour passaient aux orfèvres
Parisiens.
En 1688 l'état, appauvri par les guerres, obligeait le roi de
passer l'argenterie à la fonte afin de remplir à nouveau le
Trésor. Cela résultait évidemment à une diminution des commandes
et une réduction du nombre d'orfèvres.
Au XIXe et le XXe siècle Lyon devenait un des premiers
fournisseurs de l'église et rivalisait avec Paris. Des maisons
d'orfèvres comme Armand-Calliat (voir la note 1), Favier
(voir la note 2) et Nesme connaissaient une longévité
remarquable.
La maison de François Calliat fondée en 1820 était reprise en
1924 par Amédée Cateland (voir la note 3) et les ateliers
de ce dernier continuaient leurs activités jusqu'en 1967.
Les Nesmes parvienaient à poursuivre leurs activités de 1715
après la Révolution jusqu'en 1963.
La famille Favier, qui s'installait en 1824, conservait son
activité pendant 150 ans jusqu'en 1976.
LA FAMILLE NESME
La dynastie de la famille Nesme est
réprésentative pour l'orfèvrerie de Lyon au XVIIIe et XIXe
siècle et en particulier pour l'orfèvrerie religieuse.
Pierre Nesme
Marchand, eut trois fils, Blaise, Denis I et
André-Denis, qui tous les trois devenaient orfèvre.
Blaise Nesme
Né vers 1698, il fut apprenti orfèvre chez Pierre
III Barberet (1659-1715) à Lyon, puis compagnon orfèvre chez la
veuve Barberet, née Jeanne Guerre. Il devenait orfèvre le 6
septembre 1727 et s'installait à Villefranche en Beaujolais. Son
poinçon est composé des lettres B et N, une couronne au-dessus
et un croissant au-dessous.
En 1749 il fut accusé pour défaut de poinçon de jurande et pour
marquer ses pièces trois fois de son poinçon de maître. Blaise
Nesme eut cinq enfants dont trois, Théodore, Frédéric II et
Gabriel, devenaient orfèvres.
Théodore Nesme, dit Nesme Mory
Né en 1736, devenait orfèvre le 21 mars 1760 et
s'installa d'abord à Villefranche, puis en 1767 à Lyon. Après la
saisie à son appartement de 319 objets en or ou en argent, non
revêtus de la marque, le tribunal correctionnel de Lyon le
condamna le 26 juillet 1800 à une amende de 200 francs, et
ordonna que les ouvrages saisies soient portés au bureau de
garantie, pour y être marqués, et remis ensuite à l'orfèvre, en
acquitant les droits.
Néanmoins, la cour cassait le jugement en pourvoi tenant compte
que la saisie n'eut lieu dans sa boutique, que des ouvrages
vieux, marqués seulement des poinçons anciens, étaient destinés
à la refonte, et que les neuf objets, non marqués, n'étaient pas
achevés.
Frédéric II Nesme
Obtenait sa maîtrise le 7 avril 1770 et
s'installa à Lyon.
Gabriel Nesme
Obtenait son titre d'orfèvre le 21 avril 1778.
Denis I Nesme
Devenait maître orfèvre le 20 février 1715 à Lyon.
Son premier poinçon est composé des lettres D et N, une étoile
au-dessous et une couronne au-dessus; pour le deuxième poinçon
un point est rajouté entre les lettres D et N. Denis I Nesme eut
un fils Frédéric I, qui devenait maître orfèvre à Lyon le 5
juillet 1749.
André-Denis Nesme, dit Nesme le jeune
Obtenait sa maîtrise à Lyon le 1er août 1720. Il
a deux poinçons, les lettres ADN surmontées d'une couronne,
ainsi que les lettres ADN surmontées d'une couronne et un point
entre les lettres A et D. Certaines de ces oeuvres démontrent qu'il
a collaboré avec son frère Denis I, ainsi qu'avec Mathieu
Bouvier (voir la note 4). André-Denis eu deux fils, Denis
II Nesme et Pierre Nesme qui devenaient maître orfèvre à Lyon à
la même date le 18 août 1753.
François Nesme
Fils de Pierre Nesme, il obtenait sa maîtrise à
Lyon le 27 novembre 1788, s'installa dans la Petite rue des
Orfèvres à Lyon et parvenait à poursuivre ses activités après la
Révolution.
Le 9 novembre 1797 (19 Brumaire an 6) (voir la note 5) la
loi relative à la surveillance du titre et à la perception des
droits de garantie des matières et ouvrages d'or et d'argent
précise :
Il y a , pour marquer les ouvrages tant en or qu'en argent
trois espèces principales de poinçons, à savoir:
celui du fabricant, qui porte la lettre initiale de son nom,
avec un symbole,
celui du titre, qui porte l'empreinte d&un coq,
celui du bureau de garantie, désignant la grosse garantie,
moyenne ou petite.
Entre 1813 et 1818 et telle qu'imposée par cette loi, François
soumettait ses nouveaux poinçons en forme losangique au bureau
de garantie. Le premier poinçon avec les lettres F et N et le
deuxième, les lettres F et N et deux fleurons.
Marie Nesme
Était la veuve de Pierre Blanchard, un marchand
orfèvre. Son poinçon VEB lui fut attribué vers 1843. Elle était
d'abord active 6 place Saint-Nizier à Lyon, puis 4 place de l'Herberie
à Lyon.
Berger-Nesme
Les associés Charles-Frédéric Berger et Henri
Nesme (né en 1856), étaient des fabricants d'orfèvrerie d'église
et d'orfèvrerie de table. Leur atelier était situé 25 montée du
Chemin-Neuf à Lyon, puis en 1900 à 122 rue Saint-Georges, Lyon.
Leur poinçon, les lettres B et N, un calice entre les lettres,
fut insculpé le 16 décembre 1889 et biffé en 1924.
jatte
|
Berger, Nesme & Sève
De 1891 à 1897 François-Louis-Elysée Sève s'associait
avec Charles-Frédéric Berger et Henri Nesme. L'atelier restait à
122 rue Saint-Georges, Lyon. Le poinçon restait identique,
lettres B et N et un calice.
Berger-Nesme
Toujours situé à la rue Saint-Georges 122, les
deux associés Charles-Frédéric Berger et Henri Nesme
continuaient leurs activités de 1897 jusqu'en 1910. Ils
diversifiaient la production et, grâce à la fabrication de
bronzes d'église, la société parvenait à survivre.
Henry Nesme
Fabricant d'orfèvrerie d'église et d'orfèvrerie
de table, 122 rue Saint-Georges, Lyon. Deux poinçons, un calice
entre les lettres H et N dans un losange et les lettres H et N
séparées par un point dans un carré, sont insculpés le 25
juillet 1924 et biffés le 31 décembre 1964.
calice
|
calice
|
calice et patène |
ostensoir
|
service à thé et café |
Nesme & Ollagnier
Début des activités en 1926. A la mort de Henry
Nesme en 1935 sa veuve Jeanne-Marie-Louise Bertaudin et son
gendre Jean-Marie-Ferdinand Ollagnier continuaient l'entreprise
au 122 rue Saint-Georges, Lyon.
service à thé et café
|
catalogue
|
carte de visite |
Henri Ollagnier Fils
Vers 1950 le fils de Jean-Marie-Ferdinand
Ollagnier reprenait l'atelier qui fut toujours situé 122 rue
Saint-Georges, à Lyon. La société fesait faillite en 1963 et le
poinçon était biffé en 1964.
FAMILLE NESME - LYON
|
POINÇON
|
NOM
|
ADRESSE
|
DESCRIPTION DES POINÇONS
|
INSCULPATION
DÉBUT DE L'ACTIVITÉ
PÉRIODE
|
|
|
Pierre Nesme
marchand
|
|
|
|
DN
|
|
Denis I Nesme
fils de Pierre Nesme
|
Lyon
|
Les deux lettres DN, une étoile au-dessous, une
couronne au-dessus
DN, un point, une étoile, une couronne
|
Maître orfèvre 20.2.1715
|
ADN
|
|
André-Denis Nesme (le jeune)
fils de Pierre Nesme
|
Lyon
|
ADN, un point entre les lettres A et D,
une couronne au-dessus
|
Maître orfèvre 1.8.1720
|
BN
|
(*)
|
Blaise Nesme
fils de Pierre Nesme
Né 1696, mort avant 1770
Apprenti de Pierre III Barberet en 1713 à Lyon
|
Villefranche-sur-Saône
|
Les lettres B et N, une couronne au-dessus
un croissant au-dessous
|
Orfévre 6.9.1727
|
FN
|
|
Frédéric I Nesme
fils de Denis I Nesme
|
Lyon
|
Les lettres FN, une couronne au-dessus, une rose
au-dessous
Les lettres FN, un point au milieu
FN, une hermine, une rose, une couronne
|
Maître orfèvre 5.7.1749
|
DN
|
(*)
|
Denis II Nesme
Fils d'André Nesme
|
Lyon
|
DN, une couronne dessus, une fleur de lys
dessous
|
Maître orfèvre 18.8.1753
|
PN
|
(*)
|
Pierre Nesme
Fils d'André Nesme
|
Lyon
|
Les lettres PN, une couronne dessus, une fleur
de lys dessous
Les deux lettres PN
|
Maître orfèvre 18.8.1753
|
TN
|
|
Théodore Nesme (Nesme Mory)
Fils de Blaise Nesme
|
Villefranche-sur-Saône (1)
Lyon (2)
|
TN surmonté d'une couronne avec une étoile
au-dessous
TN avec un point au milieu
|
Orfèvre 21.3.1760
|
FN
|
|
Frédéric II Nesme
Fils de Blaise Nesme
|
Lyon
|
FN, surmonté d'une couronne et un croissant
au-dessous
|
Maître orfèvre 7.4.1770
|
GN
|
|
Gabriel Nesme
Fils de Blaise Nesme
|
Lyon
|
G et N couronné et en bas une tête humaine
Les lettres G et N
|
Orfèvre 21.4.1778
|
|
|
Veuve Denis II Nesme
|
Lyon
|
|
1778-1788
|
FN
|
|
François Nesme
Fils de Denis II Nesme
|
Lyon, Petite rue des Orfèvres
|
FN couronné et une petite fleur au bas
Les lettres FN
|
Maître orfèvre 27.11.1788
|
FN
|
|
François Nesme
fils de Denis II Nesme
|
Lyon, Petite rue des Orfèvres
|
FN dans un losange
FN et deux fleurons dans un losange
|
Poinçons insculpés entre 1813 e1818
|
VEB
|
|
Marie Nesme, veuve Blanchard
prédécesseur: Pierre Blanchard
|
Lyon, 6 Place Saint Nizier (1)
Lyon, 4 Place de l'Herberie (2) (1848)
|
Les lettres VEB
|
Poinçon insculpé vers 1843
|
BN
|
|
Berger - Nesme
Charles-Frédéric Berger, Henri Nesme
Orfèvres, fabricants d'orfèvrerie d'église et d'orfèvrerie
de table
|
Lyon, 25 montée du Chemin-Neuf (1)
Lyon, 122 rue Saint-Georges (2) (1900)
|
BN un calice
|
1889-1891
Poinçon insculpé 1889
Biffé 1924
|
BN
|
|
Berger, Nesme & Sève
Charles-Frédéric Berger, Henri Nesme,
François-Louis-Elysée Sève
|
Lyon, 25 montée du Chemin-Neuf
|
BN, un calice
|
1891-1897
|
BN
|
|
Berger & Nesme
Charles-Frédéric Berger, Henri Nesme
Orfèvres, fabricants d'orfèvrerie d'église et d'orfèvrerie
de table
|
Lyon, 122 rue Saint-Georges
|
BN, un calice
|
1897-1910
|
HN
|
|
Henry Nesme
Remplacé par sa veuve Marie-Loise Bertaudin et
Jean-Marie-Ferdinand Ollagnier après sa mort en
1935
Orfèvre, fabricant d'orfèvrerie d'église et d'orfèvrerie
de table
|
Lyon, 122 rue Saint-Georges
|
HN, un calice
HN, un point entre les lettres
|
Poinçon insculpé 1924,
biffé 1964
Poinçon insculpé 1924,
biffé 1964
|
HN
|
|
Nesme & Ollagnier
Manufacture d'Orfèvrerie d'Eglise et de Table
Orfèvres, fabricants d'orfèvrerie d'église et d'orfèvrerie
de table
|
Lyon, 122 rue Saint-Georges
|
Un calice entre les lettres B et N
|
Début des activités 1926
|
HN
|
|
Henri Ollagnier fils
Fils de Jean-Marie-Ferdinand Ollagnier
Orfèvre, fabricant d'orfèvrerie d'église et d'orfèvrerie
de table
|
Lyon, 122 rue Saint-Georges
|
|
Vers 1950. Faillite 1963, poinçon biffé 1964
|
(*) Les
poinçons son représentés comme décrit dans "L'orfèvrerie
de Lyon et de Trévoux" |
REMARQUES
- note 1: La maison est fondée en 1820 par
François Calliat. A sa mort en 1851, Thomas-Joseph Armand
(1822-1901), qui a épousé la fille de Calliat, reprend l'atelier
au nom de Armand-Calliat. De 1853 à 1901 la société devient un
des plus grands fabricants d'orfèvrerie religieuse et connait
une renommée internationale.
- note 2: Voir l'article # 188
"La Famille Favier, trois villes et 150 ans d'orfèvrerie"
dans le site ASCAS
- note 3: : Amédée Cateland, architecte et orfèvre, né le 19
septembre 1876 à Tarare (Rhône) et décédé le 11 février 1938 à
Lyon (Rhône), est influencé par l'Art Deco et renouvelle l'orfèvrerie
religieuse à Lyon.
- Note 4: Orfèvre à Trévoux
- Note 5: Le mois de Brumaire était le deuxième mois du
calendrier républicain français. Le mois était nommé d'après le
mot brume.
BIBLIOGRAPHIE
- Les orfèvres de Lyon, du XIVe au XVIIIe siècle,
M. Natalis Rondot, 1888
- International hallmarks on Silver collected by Tardy, 2005
- L'orfèvrerie de Lyon et de Trévoux du XVe au XXe siècle,
Maryannick Chalabi & Marie-Reine Jazé-Charvolin, 2000
- Poinçons des fabricants d'ouvrages d'or et d'argent, Lyon
1798-1940, Maryannick Chalabi & Marie-Reine Jazé-Charvolin, 1993
- Dictionnaire des poinçons de fabricants d'ouvrages d'or et d'argent,
Paris 1838-1875,Catherine Arminjon, James Beaupuis, Michèle
Bilimoff, 1994
- Jurisprudence générale du royaume, en matière civile,
commerciale, criminelle et administrative, M. Dalloz, 1826
|